La tentation :
Depuis quelques temps apparaissent des lampes constituées d’un assemblage de LED que les fabricants présentent comme remplaçantes des lampes traditionnelles à filament dans les feux de navigation existants.
Les feux de navigation constituant le point essentiel de la consommation électrique de nos bateaux en navigation de nuit, les économies annoncées sont tentantes.
Dans la réalité, ce remplacement se heurte à trois types de problèmes :
Problème juridico-administratif :
Les feux ont été homologués avec un type précis de lampe et le remplacement par un autre type fait perdre de facto l’homologation. Ce point pourrait paraître purement formel si les deux autres problèmes ne créaient pas une dégradation radicale des performances du feu :
Problème géométrique :
Un feu de navigation se compose d’un boitier contenant une lampe et une optique (réflecteur, lentille et baffles) permettant de respecter les angles de visibilité du RIPAM. Ce respect est basé en particulier sur l’emploi de lampes spéciales à filament linéaire situé précisément sur l’axe de l’optique.
Le remplacement de ces lampes par des lampes à LED multiples amène à une source de diamètre beaucoup plus gros :
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Voire même :
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Ceci dégrade complètement le diagramme de rayonnement du feu qui ne respecte plus du tout le RIPAM : en effet :
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Problème de spectre de rayonnement :
Une lampe à incandescence a un spectre de rayonnement continu couvrant tout le spectre visible.
Par contre, puisqu’il n’existe pas de LED blanche, l’illusion d’un rayonnement blanc est obtenu pour la lampe LED par addition de raies discontinues, en général du jaune et du bleu.
On voit clairement sur la figure ci-contre que, si ceci ne pose pas de problème pour un feu de poupe ou de mouillage blanc et reste encore acceptable pour un feu tribord vert, le rayonnement disponible dans le rouge sera très faible et le feu babord ne respectera donc pas la portée prévue au RIPAM (déjà marginale avec des feux 10 W). Par contre la lampe à filament est presque idéale, puisqu’elle fournit plus d’énergie dans le rouge que dans le vert (feu tribord) mais l’oeil humain est plus sensible au vert qu’au rouge... Dans ce cas, plus moderne n’est pas mieux !
Conclusion :
Le remplacement direct proposé dans les catalogues des ship et des fabricants de LED de lampes à incandescence par des LED dans les feux de navigation n’est pas sans conséquence :
- perte de l’homologation du feu
- secteurs de visibilité mal définis pouvant entrainer un risque de collision,
- portée dangereusement diminuée pour le feu babord.
Il est à noter que tous les feux à LED homologués utilisent des LED de couleur et une lentille claire et jamais une lampe LED blanche et une optique colorée pour les raisons ci-dessus.