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Accueil du site > Articles > Traditions et cultures > Formation, histoire > Le Mutin - Dundee

Rubrique : Formation, histoire

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Le Mutin - DundeeVersion imprimable de cet article Version imprimable

Publié Mai 2018, (màj Mai 2018) par : yoruk   

Copyright : Les articles sont la propriété de leurs auteurs et ne peuvent pas être reproduits en partie ou totalité sans leur accord
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Mots-clés secondaires: Traditions_cultures

Mutin (A 652)
Cotre tape-cul

- 

JPEG - 87.6 ko
Crédit Photo © Marine nationale

- 
Sur une video de Yves Lafont parue dans fr.rec.bateau, on voit le cotre tape cul « Le Mutin » de la marine nationale en escale à Bonifacio. Il retournait en Méditerranée pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale.

Voir la vidéo

On peut légitimement s’interroger sur la présence en Méditerranée d’un cotre tape-cul. Dundee construit en 1926, c’est un jumeau des thoniers des Sables. Cette histoire s’explique, et c’est une très belle histoire

source [1]
Le Mutin est la plus ancienne unité navigante de la Marine nationale. Il a été lancé le 18 mars 1927 aux Sables-d’Olonne. C’est un dundée construit en 1926 sur le modèle des thoniers à voile par les Chantiers Florimond-Guignardeau.
De 1927 à 1964, il a servi à la formation des pilotes de la Flotte à Saint-Servan. Lors de la Seconde Guerre mondiale le Mutin opère clandestinement pour le compte du Special Operations Executive (SOE) britannique sur les côtes de la Manche (Helford, Cornouailles), de l’Atlantique et même en Méditerranée. Depuis 1964, il est affecté à l’École navale

Le Mutin, un héros de guerre

  • Dans la nuit du 18 au 19 juin 1940, les Allemands bombardèrent l’École navale et le Mutin appareilla pour Ouessant puis Plymouth
  • Remarqué par un officier du Special Operations Executive et réquisitionné pour intégrer une flottille de bateaux-espions, il servira à des missions d’infiltration et d’extraction d’agents britanniques, de pilotes et de résistants.
  • Maquillé en thonier et armé d’un canon antiaérien de 20 mm récupéré sur un Messerschmitt Bf 109, il a même reçu des thons factices fabriqués par le Muséum de Londres et remplis de plastic.
  • En décembre 1942, il fut envoyé en Méditerranée et utilisé comme base de repli pour les agents opérant en Italie et en Yougoslavie.
  • Le Mutin a été rendu à la marine française en mars 1945
  • En 2006, le navire a été mis aux normes MARPOL et sa bôme de grand-voile a été raccourcie.
  • Mai 2018, trois quart de siècle plus tard, le Mutin retourne en Méditerranée, sur les lieux de ses exploit !!! C’est l’objet de la vidéo.

Mutin (A 652)

source : [2]

  • Présentation
    • Construit en 1926 par les chantiers Florimond-Guignardeau des Sables d’Olonne, ce côtre au gréement traditionnel, jumeau des thoniers des Sables, navigue depuis 1927.
    • Affecté à l’École de pilotage de Saint-Servan près de Saint-Malo, il participe ainsi à la formation jusqu’en 1939.
    • Lors de la deuxième guerre mondiale, il est envoyé en Méditerranée, où, sous pavillon britannique, il participe à des missions de renseignements.
    • À compter du 20 juillet 1946, il regagne l’École de pilotage de Saint-Serven.
    • En 1964, le Mutin est affecté au groupe Richelieu à Brest, chargé de la formation des manœuvriers, appelés aussi « boscos ».
    • En 1968, le groupe Richelieu disparaît et l’État-Major l’affecte à l’École navale, unité à laquelle il appartient toujours.
    • En 1976, un grand carénage à la direction des Constructions Navales de Brest permet à ce vieux gréement de retrouver un nouvelle jeunesse.
    • En 1998, son dernier entretien important est réalisé par cette même DCN de Brest qui a refait à neuf le pont, changés quelques bordés et barrots ainsi que les préceintes.
  • Missions
    Basée à Brest, le Mutin participe à l’instruction à la manœuvre des voiles et à la navigation. À coté de cette mission principale de formation, les goélettes sont présentes dans toutes les manifestations nautiques de la façade atlantique, en France comme à l’étranger.
  • Caractéristiques
    Longueur : 21 mètres
    Largeur : 6,35 mètres
    Tirant d’eau : 3,40 mètres
    Tirant d’air : 21 mètres
    Surface de voilure : 312 m²
    Déplacement : 40 tonnes et 57 tonnes en pleine charge
    Vitesse : 6 nœuds
    Distance franchissable : 585 nautiques à 6 nœuds
  • Énergie et propulsion
    1 moteur diesel Baudoin DF 6 M
    1 hélice - 112 ch (88 kW)
  • Puissance électrique 9 kW
  • Équipements électroniques
    1 radar Furuno 1832
    Système de transmissions par satellite Inmarsat mini M
  • Voilure
    Grand foc, foc et trinquette
    Grand-voile et flèche de grand voile
    Tape-cul et flèche de tape-cul
  • Equipage
    12 hommes
    8 à 15 élèves suivant le type de navigation

Le mutin voilier espion

Source : [3]

Destiné depuis son lancement à la formation des marins militaires. Mais son heure de gloire remonte à la Deuxième Guerre mondiale, où il est utilisé par les Anglais comme « navire de pêche espion », le long des côtes françaises.

  • Arrivé en Angleterre après l’Appel du 18 juin à Plymouth.
    Le Mutin est maquillé en véritable navire de pêche. Les militaires britanniques qui l’arment, en compagnie d’un Français pour donner le change au cas où, poussent même le détail en se confectionnant des vêtements de pêcheurs bretons et des maquettes de thons savamment disposés sur le pont. Mais les avions allemands n’ont cure des soi-disant voiliers de pêche qui grenouillent le long des côtes françaises et les mitraillent sans vergogne. Un des premiers mitraillages du navire cause la mort du seul Français embarqué, Jean Pirois, tenant fièrement la barre au moment de l’attaque.
  • Jusqu’en Yougoslavie
    Trop exposé aux attaques aériennes, Le Mutin rejoint la Méditerranée pour un étonnant périple qui le mènera le long de l’Afrique du nord, jusqu’au fond de la mer Adriatique (Rimini). Il sert de base arrière pour les services secrets britanniques opérant en Italie et en Yougoslavie. Les avions italiens ne l’épargnent pas non plus. Un mitraillage nourri détruit une partie de sa voûte arrière.
  • Retour au bercail
    Remis en état à Caen et restitué aux Français à la fin de la guerre, le navire rejoint l’école des mousses de Loctudy puis l’École navale au Poulmic et enfin Brest.
    Dédié à la formation des élèves, au même titre que les goélettes Étoile, Belle-Poule ou la Grande-Hermine, Le Mutin poursuit sa formidable carrière dans la marine.

Liens utiles :


Post-Scriptum

Les observations nombreuses et documentées du comité de lecture PTP, au sujet de cet article sur le dundee « Mutin », nous amènent à compléter ce document :

  • La remarque par Negofol, sur l’évolution architecturale des dundees, donc du « Mutin » de la marine nationale :
    En fait, Le Mutin, comme les goélettes l’Etoile et La Belle-Poule, sont des bateaux « de style », comme les meubles du même nom : construit par nostalgie pour rappeler les bateaux traditionnels (et attirer des vocations pour la Royale chez les enfants de pêcheurs), mais conçus par de vrais architectes et avec une construction surveillée par la Direction des Constructions navales (et sur un budget financé par les contribuables)...
    Très semblables à un dundee thonier pour le Mutin ou à des goélettes islandaises pour l’Etoile et La belle-Poule, mais assez différents dans le détail : aménagements pensés pour un équipage d’élèves nombreux, déplacement réduit (pas de tonnes de poisson mort à trimbaler) et lest augmenté...
    Beaucoup plus marin que les modèles !
  • Sur l’évolution architecturale des bateaux de travail
    • Rappel de l’article de la marine nationale :
      Construit en 1926 par les chantiers Florimond-Guignardeau des Sables d’Olonne, ce côtre au gréement traditionnel, jumeau des thoniers des Sables, navigue depuis 1927.
      Ce qui pose la question de la genèse de ces dundees
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Brest 2012 parade au ras de l’eau
  • Observation de Lysigée
    • Sa voûte est longue et basse, surtout pour augmenter la surface disponible sur le pont et payer moins cher (le prix étant fonction de la longueur de quille)
    • Cette voûte longue et basse était dangereuse par mer formée de l’arrière, car moins solide. On voit que les dundee plus tardif, comme le Mutin, ont un voûte inclinée, certes, mais pas autant que les premiers dundees.
    • Enfin, sa voile de tape-cul n’est pas enverguée sur une bôme, mais sa bordure est libre, seul le point d’écoute étant fixé à une queue-de malet.
  • Observation de yoruk
    • sur l’origine de la voûte. Les « dundee » déformation de l’anglais « Dandy » par analogie avec l’élégance de leur voute, était une réponse aux risques d’envahissement de l’eau par l’ arrière.
    • Cette architecture se serait développée à la suite d’une tempête terrifiante en Bretagne, fin 19eme ou début 20eme. Il existe une photo du port de Palais, entièrement recouvert de débris de bois, à la suite des naufrages des chaloupes du port. Je n’arrive pas à la retrouver. Si vous avez des sources, je suis preneur.
  • Réponse de Lysigée
    • Tiens c’est marrant. J’ai l’histoire inverse : les dundee à voûte très basse n’avaient pas résisté à une tempête, et ils ont alors redressé un peu la voûte. C’est un souvenir de ce que j’avais lu dans le Chasse-Marée (mais que je n’ai pas bien sûr à bord) et qui est reprise dans Wikipedia.
    • Je suis aussi un peu sceptique avec l’origine du nom, je vois mal des pêcheurs bretons donner un nom anglais à leur barque
  • Observation de Negofol
    • Vrai et faux : la tempête de 1897 a fait un carnage dans les bateaux de la première génération qui étaient l’adaptation de la voute arrière des bateaux de plaisance et des bateaux pilotes à la chaloupe bretonne, aboutissant à des bateaux à fond plat et peu lestés, assez peu marins, contrairement aux yachts et pilotes très profonds et lestés. Le but recherché était d’accroître la vitesse assez faible des chaloupes sans augmenter la longueur mesurée en douane... comme la longueur de jauge des yachts anglais de l’époque.
    • L’influence des architectes de la plaisance a abouti après 1900 aux formes des dundees « traditionnels », qui finalement n’ont été construits en nombre que de 1900 à 1914, mais l’exagération de la longueur de voûte et la conception déficiente de la charpente par les chantiers artisanaux traditionnels ont abouti à des bateaux fragiles structuralement qui ont été décimés par une tempête en 1930, ce qui a sonné le glas de la filière.
    • Assez bien expliqué à la fin du tome 1 d’Ar Vag (Bernard Cadoret et al.) avec des plans.
      • Ar Vag tome 1, « voiles au travail en Bretagne atlantique » aux éditions du chasse marée
      • De l’évolution des chaloupes sardinières, vers les chaloupes pontées, puis les dundées thoniers [4]
  • Observation de YvesD
    • Y a pas qu’aux Sables qu’il y avait des dundee (des dandy), tout ce qui pêchait le thon vers 1933 utilisait le dundee, Groix Etel, (Audierne ?) et tant d’autres, et là c’est déjà la Bretagne, fichtre !!!
    • Pour vos gouvernes, voici un point de vue Etelois sur les chaloupe-dundee-pinasse :
      • un texte sur l’apparition des dundee (dandy) : chaloupe-dundee.jpg
      • un texte sur la faiblesse de la voute et l’apparition du dundee-canoe puis la pinasse motorisée : dundee-canoe-1.jpg, et sa suite pinasse-2.jpg
      • - une photo d’un dundee célèbre « Le Prosper » : prosper.jpg
      • - une belle photo d’un « Gresien » (est-ce correct ?) en escale à Etel : dundee-2.jpg
    • Toutes extraites d’un bouquin du fan club du musée thonier de Etel un port emblématique :
      • Au XIXe siècle, la Rivière d’Etel abrite une importante flottille sardinière dans plusieurs petits ports.
      • Dans les années 1930, Etel devient l’un des plus puissants ports de France avec près de 250 dundées, thoniers à voile traquant le thon blanc (germon) dans le Golfe de Gascogne.
      • Après 1945, le port prend un nouvel essor grâce à la motorisation. Les chalutiers étellois naviguent des îles britanniques à l’Afrique de l’Ouest. Les marins d’Etel, pionniers réputés, font la renommée de leur port. [5]
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l’apparition des dundee
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la faiblesse de la voute
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de la chaloupe au dundée
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« Grésillon » en escale
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Dundee « le Prosper »
  • Conclusion Lysigée
    Bon Michel il ne te reste plus qu’à intégrer tout çà :-)
    Je vois en tout cas, que si le CA de PTP navigue sur des bateaux en plastique, il est féru d’histoire et d’architecture navale.
    Robert

UP


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1 Message

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  • 19 mai 2018 07:42, par yoruk écrire     UP Animateur

    Leur voute, était une réponse aux risques d’envahissement de l’eau par l’ arrière.

    Evolution des chaloupes sardinières, la forme de la voûte des dundees, devait répondre aux risques d’envahissement par l’arrière, tant qu’ils étaient de purs voiliers. Probablement comme nos voiliers actuels dont les formes arrière très large, permettent de soulager le bateau à la lame (et le soulage bien tant que les poids restent centrés)

    Le poids prend alors toute son importance, d’autant plus que les premiers moteurs à l’époque, lourds et manquant de puissance, chargeaient la poupe, sur une surface mal conçue pour recevoir l’assaut des vagues

    La réponse des architectes sera de proposer des arrières de type canoë, acceptant mieux le travail de l’appareil de propulsion

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