Galerna / Embata / Brouillarta
Ces noms désignent le même phénomène météorologique, appelé Galerna sur la côte cantabrique, Embata au Pays Basque espagnol et Brouillarta au Pays Basque français (en gros...).
Les services météo français et espagnols se sont entendus sur le nom de galerne pour caractériser les phénomènes de la cote cantabrique.
A ne pas confondre avec le vent de galerne qui est un vent de nord-ouest (noroît) froid et humide qui souffle en rafale sur l’ouest de la France, notamment en Touraine, dans le Berry, les Deux-Sèvres, le Béarn, le Quercy et la Bretagne (où il porte le nom de gwalarn)
La galerne est similaire aux alongshore surges et aux coastal trapped disturbances observés ailleurs dans le monde (notamment côte ouest des USA, de l’Oregon à la Californie). Certains coups de pampero sur la côte est de l’Argentine présentent également des similitudes avec la galerne.
La zone concernée s’étend sur une bande de 60 km le long de la cote du Cap Pañas à Capbreton, exceptionnellement jusqu’à la Pointe de Grave.
Typiquement, le phénomène apparait à l’Ouest de la zone (Gijon) et se propage vers l’Est à environ 30 Kts.
Caractéristiques :
La galerne se caractérise par :
- Une rotation brutale du vent, au secteur ouest sur les côtes françaises, plutôt nord-ouest sur les côtes espagnoles et un renforcement brutal pouvant excéder 25 m/s, voire 30 dans les rafales.
- Une arrivée rapide de stratus et de brume, parfois de brouillard. La galerne typique est rarement accompagnée de précipitations.
- Une chute brutale de la température de l’air, pouvant dépasser 12 °C, voire 14°C en quelques minutes, d’autant plus remarquable qu’il n’y a pas de refroidissement par évaporation de précipitations. Cette chute vient souvent après des températures très élevées.
- Une hausse brutale de l’humidité relative, pouvant dépasser 50 % et en général accompagnée d’une hausse de la température du point de rosée.
- Une augmentation soudaine de la pression, après une lente baisse.
Les mauvaises conditions durent en général peu de temps (2 à 6 heures). La mer peut devenir très grosse.
La galerne typique ne peut être associée, ni à un passage de front sur les cartes synoptiques, ni à l’occurrence d’un orage ou d’une ligne de grains. Selon ce modèle le plus probable, la galerne est un courant de densité (également dénommé courant de gravité) engendré par l’interaction de conditions synoptiques particulières avec le relief et les contrastes thermiques du sol. Ce courant de densité est une masse d’air frais, donc relativement dense, qui déferle le long du relief vers les basses pressions et les masses d’air plus chaudes situées à l’est. Ce phénomène se voit bien sur les photos ci-dessous :
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Période et fréquence :
Le phénomène peut être observé entre avril et septembre, avec une forte prépondérance en juin et juillet. La fréquence de fortes galernes est de 1 à 2 par an (sur 40 ans), mais certaines peuvent être catastrophiques !
Danger pour les embarcations :
La galerne interrompt soudainement une période de temps calme, en général ensoleillé et chaud. Difficile à prévoir, pratiquement dépourvue de signe annonciateur et d’une exceptionnelle soudaineté, la galerne représente un danger certain pour les embarcations. Sa prédiction est difficile, malgré un programme d’étude franco-espagnol sur le sujet (voir rapport sur l’URL indiquée pour ceux qui veulent approfondir).
Dans les Annales : 141 pêcheurs morts ou disparus dans un coup de galerna à Bermeo le 12 août 1912.... et la pire : la Galerna du 20 avril 1878 : 322 pêcheurs noyés ou disparus, dont le poète a fait le sinistre décompte :
Coplas de la Galerna del Sábado de Gloria (Pedro Guttiérez)
Detenga su curso el sol – y la luna su carrera,
estremézcanse los montes – tiemblen sin cesar las sierras.
Que el año setenta y ocho- Sábado Santo encomienza
a referir los estragos – de toda la costa entera.
En los puertos referidos- señores, voy a empezar
a contar grandes estragos – que a todos harán temblar.
En puerto de Santander – cincuenta y dos marineros
peleaban con las olas – sepulturas de sus cuerpos.
En Colindres, los veintiocho – que salieron a pescar
Se quedaron sepultados – entre las olas del mar.
En Laredo, treinta y seis – quedaron entre las olas
memoria les ha quedado – del Sábado Santo de Gloria.
En Algorta, padre e hijo – que salieron a la mar,
quedaron entre las olas – ¡ Qué desgracia tan fatal ¡
En Bermeo, ochenta y cinco, – cuarenta y nueve, Echanove,
en Mundaca, quince, perdieron – las vidas allà los pobres ( … )
Méfiance, et pas seulement en juin-juillet !
Un exemple de zone affectée étendue :
Archives météo-France :
« Le 13 mai 2002, sur les côtes du Sud-Ouest, en fin de journée, un front actif s’est déplacé très rapidement pendant une trentaine de minutes, avec un brutal renforcement des vents d’Ouest sur son passage.
Les rafales ont dépassé les 110 km/h sur l’ensemble de la côte Aquitaine, atteignant 133 km/h à Biscarosse, 126 km/h au Cap Ferret, 118 km/h à Socoa et 111 km/h à Cazaux et Mérignac. Cette augmentation brutale de l’activité d’un front à son arrivée sur les côtes françaises se cantonne le plus souvent à la zone côtière du pays basque et du Sud des Landes, où le phénomène est connu sous le nom de »galerne« .
Une extension du phénomène plus au Nord, telle qu’elle s’est produite le 13 mai 2002 en fin d’après-midi, est extrêmement rare. »