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Excès de confiance et aveuglement mécanique, Vito Dumas en 1943 14 janvier 2015 15:09, par yvesDLors de son tour du monde en solitaire, d’Argentine au Cap puis à Wellington, Valparaiso et Argentine en 1942 sur son ketch de 9,5m Leigh 2, Vito Dumas rapporte, dans un des derniers chapitres (le 33, intitulé pour 4 minutes) son aveuglement devant le chronomètre dont il se servait pour calculer - lorsque le temps le permettait - une latitude et longitude lui permettant de recaler son estime, car il naviguait à l’estime (compas, loch, estimation de la dérive) lors de son périple de 20 600 miles. Dans l’incident qu’il relate, son chronomètre n’a pu être recalé depuis Valparaiso (environ 3600 M et un passage du Cap Horn pendant l’hiver austral, début juillet 43).
Extrait de Par les quarantièmes rugissants dans la traduction de Ghislaine. Mathelon, ed. Les pages du gabier, Paris 2008
Pour 4 minutes.. .
Absorbé par la préparation d’un onctueux chocolat, il me
prend, je ne sais pourquoi, l’envie de jeter un coup d’oeil vers
la proue : la côte apparaît à moins de cinq milles. Qu’a-t-il pu
se passer ? Je comprends rapidement que le chronomètre a
pris un retard de 4 minutes, soit une différence de 60 milles
de longitude. Je suis en face de Quequén. Je suis furieux,
même si cette marge d’erreur n’a rien de très surprenant : le
chronomètre a beaucoup souffert des chocs répétés après
tout ces jours de navigation au près. Mais, plus encore, avec
le froid, l’huile a gelé et a perturbé son fonctionnement. Je
prends une décision drastique : ranger le sextant, le chronomètre,
les cartes des vents, et naviguer à vue. Seul le compas
est épargné et j’oublie le chocolat pour m’asseoir à la barre
et entamer une navigation en vue des côtes, en m’octroyant
un gros cigare.