Pratiques et Techniques en Plaisance | Imprimer | Fermer la fenêtre
Publié Juin 2011, (màj Juillet 2022) par : yoruk |
En allure portante, çà va ... Quoique ... Remonter au vent ... bravo les jeunes, et bon courage !
Voilà, avec 25 noeuds de vent réel, pas plus ....
Au village, sans prétention, le Meltem a mauvaise réputation : coincé, en été, par l’anticyclone des Açores, bloqué sur les Balkans et la Grèce, et leurs sommets à + 3.000 m d’une part, et de l’autre côté de la mer Égée, par la dépression proche orientale installée sur l’Anatolie (conséquence de la mousson d’été), et ses montagnes à + 4.000 m, d’autre part. Que voulez vous que fasse ce malheureux Meltem ? Il se faufile entre les deux, au niveau de la mer, contournant l’arc anatolien, à raz les pâquerettes, et tente de se frayer un chemin entre les îles de la mer Égée, en se frottant à quelques unes qui culminent à près de 2.000 m. C’est pas facile hein, la vie de Meltem !
Normalement pépère, mais quand il se trouve coincé entre 2 îles, il peut se mettre en colère et souffler comme un forcené. C’est comme çà qu’il vaut mieux l’éviter dans des coins mal famés : entre Ikaria et Samos, le cap Kafirea et Andros, Andros et Tinos, Tinos et Mykonos, Rhodes et Karpathos, Karpathos et la Crête, et en général au large de tous les caps qui bêtement pointent leur nez sur sa route ! Ces pétasses lui barrent la route ? Alors, il bastonne et en rajoute quand, obligé de les escalader, il retombe comme une bête, en assommant la mer sous le vent d’une claque magistrale. Enfin quand même, il n’y est pour rien le Meltem, c’est pas lui qui a placé ces îles à ces endroits là, non ?
Alors, Ok, il peut être costaud. Mais c’est pas une raison pour prendre un abonnement à vie sur l’itinéraire Finike – Kekova – Finike ! Nous y sommes allés souvent et en juillet et août, il y 20 ans, en location, puis pendant 5 ans sur Sylphe, notre Fantasia (6,25m de longueur de flottaison), maintenant, un peu plus confortable avec le Voyage 12.50. Cà c’est toujours bien passé. Il y 20 ans, on ne prenait même pas la météo !!! Aujourd’hui, on a les moyens d’une bonne couverture météo : Navtex (quoique, tous les bateaux restant au port, en soit équipés !) BLU en RTTY (Hambourg) et surtout sur le Web (site grec de Poséidon, et Grib US). Il y a aussi assez simple : un gradient de 12 hP et plus, entre les Balkans et l’Anatolie, et c’est le feu au lac, tout le monde aux abris, ne sortez pas du terrier.
On vous recommande vivement la mer Égée, même en juillet et août. Les îles sont superbes, la température clémente, et la navigation plus facile qu’on ne le dit à Kekova. Le Meltem offre un énorme avantage : il souffle toujours dans la même direction : NE dans le Nord, Nord au centre et NW au sud de l’Égée, s’orientant W/SW sur les côtes Sud-Est de la Turquie. Vous aurez toujours un abri sous le vent à quelques miles, et s’il se met en pétard, il n’y a qu’à attendre dans une petite crique sympa, qu’il se calme un peu.
La règle du jeu est simple : prévoir, anticiper et se planquer le temps que çà passe. En l’occurrence, je me suis planqué à Mytilène, ville universitaire, et active !!!
D’ouest vers l’Est, peu de problèmes, c’est du portant et vous aurez des abris partout sauf si vous décidez de traverser depuis la Crète. Là, attention, çà peu secouer grave (voir la carte de l’état de la mer le 10 août, ci dessus)
Vers l’Ouest, çà se complique, car vous serez bout au vent.
La bonne technique est de remonter au maximum vers le Nord avant que le Meltem ne se lève, fin juin. D’expérience, on vous recommande la prudence dans ce cas de figure. Vous pourrez trouver un courant perturbé de NW (le Poyraz), irrégulier et violent, à faire regretter le Meltem !!!
On rencontre souvent fin mai des petites brises de SE, bien sympathiques qui peuvent aider à faire du Nord. Surveillez l’état de la mer, le mauvais temps de SE est annoncé longtemps à l’avance par la houle de SE.
Faut-il remonter par la côte turque, ou traverser la mer Égée et suivre la côte grecque ? Très honnêtement, on ne sait pas ! La logique étant de traverser à hauteur de Kos, vers Tinos en faisant une halte à Lévithia, puis de joindre les Sporades du Nord-Ouest, ou vous serez à l’abri au plus fort du Meltem.
Depuis quelques temps, je préfère monter jusqu’à Patmos, pour traverser vers Mykonos puis Tinos, ou Syros. Puis vous n’aurez plus qu’à laisser porter, pour le retour !
Préambule :
Incontournable pour bien comprendre la diffusion des informations
Influences des vents thermiques sur le Meltem
Les avancées scientifiques des modèles mathématiques de prévision et la mise à disposition de moyens techniques performants de connexion grâce à la 4G ont modifié la donne. On peut aujourd’hui en Méditerranée orientale repérer un déclenchement de Meltem et l’anticiper.
Les moyens de connexion
Avec un smartphone, même basique vous pourrez
L’avantage de cette option est que si vous avez à changer de pays, par exemple entre l’Italie et la Grèce, votre réseau se recalera automatiquement sur votre nouvelle zone (c’est une option dans vos paramètres).
L’autre information importante concerne la portée, la configuration topographique permet l’installation des émetteurs en altitude. On réceptionne, très souvent, et très correctement à plus de 15 milles.
La force remarquable du Meltem en mer Egée, peut aussi s’expliquer par la présence, sous le relief turc, des eaux froides de la Mer Egée, qui crée une dépression sous le vent du massif et en particulier de la chaîne du Taurus et ainsi renforce considérablement le gradient de pression entre la Macédoine et le SW de la Turquie. Une différence de 15 hPa n’est pas exceptionnelle.
Pour cet exemple, le positionnement des basses pressions sur Chypre ampute le gradient de pression en Mer Egée, et modifie l’organisation des isobares. Au résultat : moins de vent, et il pleut sur la Mer Noire, le Bosphore et l’Eubée.
Charger les observations de Robert Delorme :
Les modèles de prévision
ndlr : ce domaine est en développement exponentiel, vos remarques sont les bienvenu, et en conclusion sur le Meltem :
S’il ’y a pas de raisons de surestimer le Meltem, il n’y en a aucune pour le sous estimer. Ce sera rarement le bateau qui lâchera le premier, ce sera l’équipage, et ce serait dommage de blesser un équipier, ou pire d’en perdre un... Car çà, voyez vous, jamais votre bateau ne vous le pardonnera...