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La Galerne ailleurs en med 7 décembre 2011 15:26, par yvesD

L’article - excellent mais de lecture un peu difficile - que tu cites contient, entre les lignes, un avertissement (page 39, en particulier le 3ème §) bien utile pour ceux qui naviguent en méditerranée, à savoir, se méfier comme de la peste de toutes les situations générales (synoptiques) qui bloquent Gaspard (Gaspard, c’est Coriolis et c’est presque toujours de sa faute) :

  • se méfier comme de la peste de toutes les situations où les isobares sont perpendiculaires à un important relief côtier (la chaine Cantabrique, l’Algérie entre Oran et Alger, autres ...) surtout si le relief et/ou d’autres deviennent capables d’empêcher le vent de l’escalader (c.a.d de s’écouler parallèlement aux isobares, ce qui satisferait Gaspard).
  • dit autrement, un vent de grande échelle (synoptique) qui devrait souffler vers une côte escarpée est un danger potentiel si d’autres causes viennent empêcher/contrarier cette contrainte (de traverser la côte)

En atmosphère libre (en altitude ou à la surface des océans) la force (== le gradient de pression, force perpendiculaire aux isobares) qui déplace les particules d’air des hautes pressions vers les basses pressions prend le temps (qq heures) et l’espace (qq centaines de km) nécessaire pour que la force de Coriolis puisse entrer en action et dévier le mouvement vers la droite (hémisphère nord) forçant le vent réel à devenir parallèle aux isobares (wind is veering)

- Dans le cas de la galerne (et d’autres situation pas rares en med sur lesquelles j’attire votre attention) la haute pression sur La Corogne et la basse pression thermique sur Biaritz se traduit dans un premier temps par un vent de HP vers BP et donc d’W en E qui rapidement devrait évoluer (Gaspard) en vent de N -> S. Cette évolution est interdite par le relief et la présence de masse d’air au dessus de la chaine Cantrabrique qui à la fois creuse la dépression de Biaritz (+- foen) et renforce le courant de densité de W vers E tout en bloquant son orientation vers le sud
- Mayençon cite (au moins) une situation analogue de vents extraordinaires et parallèles à la côte entre Oran et Alger, bloqués qu’ils sont par le relief de l’Atlas qui empêche la rotation (veering) du vent vers le sud.

La méfiance devant de telle situations isobariques est de mise en med car - mer d’effondrement oblige - les littoraux sont escarpés et - ensoleillement oblige - de large zone surchauffées et stagnantes peuvent exister..

Je soupçonne que si cette interdiction de s’élever pour traverser le relief n’existe pas ou n’est pas assez forte le vent se contentera de contourner l’obstacle (disons, la Corse) au prix d’une rotation et d’un renforcement encore acceptable (la « ceinture de vents forts » entourant la Corse des guides nautiques des années 60) accompagnés de quelques venturi (Giraglia, Bonifaccio).
C’est pas toujours la cata mais il est bon d’y penser.

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