Pratiques et Techniques en Plaisance
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Installer une cuve à eaux noires gravitaire basique
mercredi, 2 juillet 2014
/ yoruk /

« Tango/Gitomètre », pure invention de l’auteur, ce logo, remarquable avancée technologique mesure en continue la gîte et le tangage.

Le Tango/Gitomètre est aussi un remarquable outil psychologique, enfin surtout pour l’auteur... Contrôler gite et tangage libère l’esprit, en permettant de raisonner bien à plat...

Fin temporaire de la biographie, la suite aux enfers...

Installer une cuve à eaux noires gravitaire basique dans un bateau ancien

Rien de prévu à ce sujet pour les bateaux du millénaire précédent... Le développement de la plaisance, et des réglementations de plus en plus contraignantes, nous amènent à équiper nos vieux navires. Plusieurs solutions

  • Installer vous même une cuve à eau noire gravitaire. Plusieurs options
    • L’évacuation peut se faire, en option directe, ou par le réservoir tampon, par une vanne en ’’Y’’, ce qui obligera à l’installation d’une deuxième vanne/passe coque
    • Si le réservoir se trouve en proximité des toilettes, on peut prendre, le risque de chasser les eaux usées, directement vers le réservoir tampon. l’évacuation se fera par la vanne et le passe coque existant, à condition que cela soit le plus possible en ligne directe...
  • Il y a vingt ans... rien, aucune obligation, si ce n’est le savoir vivre et le respect de ses voisins, ce qui n’est pas peu de choses...
  • A ce jour, certains pays, tels les USA, interdisent tout rejets (en fait tout effluent). les américains, chez eux sortent peu des marina. Tout doit être pompé. Les vannes sont scellées, c’est zéro rejet
  • En Turquie, certaines zones s’orientent vers une législation stricte des rejets. Aucun rejets d’eaux noires toléré, mais on parle d’interdire les rejets d’eaux grises. La législation sera renforcée par un contrôle informatique, centralisant les volumes, les dates, la nature des bateaux et le nombre de personnes vivant à bord. Là, la législation dépasse le simple intérêt écologique, ça devient du bizness...
  • En Grèce, tout est permis et rien n’est défini...
  • Néanmoins, un peu lassé de complexer lorsque je me trouvais en mouillage forain encombré de baigneurs dans une eau turquoise... Nous nous sommes équipés d’une cuve à eaux noires...

Etat des lieux


Nous disposons de deux cabinets de toilettes : un à l’avant tribord, et l’autre à bâbord, juste à côté de la descente. Par chance, celui de bâbord est équipé d’un grand placard à cirés, proche de la cuvette des WC
  • WC Jabsco, à pompe manuelle
  • admission de l’eau par une vanne 3/4 ’’
  • Évacuation des matière fécales par une vanne "1 1/4 ’’
  • Les deux vannes sont situées juste à côté des WC
  • Le placard à ciré d’utilisation douteuse, sous le ciel Égéen peut loger la cuve. Il faut noter que ce placard a déjà muté par la passé, passant de placard à cirés à garde manger, pour la conservation des fruits et légumes.

Sur la photo, une fois la porte du placard démonté, on aperçoit au fond la lisse sur laquelle on pourra s’appuyer. La paroi de gauche, structurelle est solide, celle de droite, issue du moulage du placard, l’est beaucoup moins. La pompe de douche manuelle a été démontée, et on aperçoit le tuyau d’évacuation de l’évier situé à droite du placard. il faudra gérer cette évacuation et le remplacement de la pompe manuelle par une pompe électrique plus compacte.

Les options d’installation

Les références :

La fédération française des industries nautiques, a édité un opuscule précisant les fabricants labellisés, pour ces type de produit. Voir PDF, ici
http://www.industriesnautiques.fr/f...

PDF - 148 ko

En fonction de sa taille, nous avons optés pour la cuve 50 l de chez Promens, équipant en standard beaucoup de chantiers français.

Les matériaux

  • la cuve Promens 320*360*520
    • 2 sorties en 50 mm (une en haut une en bas)
    • 1 entrée orientable en 38 mm
    • 1 sortie en 18 mm pour l’évent de mise à l’air libre
  • Deux embouts réducteurs 50 => 38 mm
  • Un dispositif anti retour 38 mm. Une vanne aurait été préférable, le dispositif permettant de bloquer la colonne en sortie de cuvette après vidage. Mais, le n’avais pas la place suffisante pour installer une vanne, ce qui est regrettable...
  • Un nable plat pont, spécifique « Waste »
  • Un nable pour l’évent de la mise à l’air libre
  • Une petite vanne fermant le circuit de mise à l’air libre, Ce dispositif devant permettre la mise sous pression de la cuve, pour forcer l’évacuation en cas de bouchage éventuel
  • Un filtre anti odeur, pour l’évent, et le respect des voisins.
  • 2.5 m de tuyaux Vetus extra souple de 38 mm. Là il ne faut pas hésiter sur la qualité, Vetus est cher, mais la souplesse, la résistance et le traitement anti odeur de ses tuyaux est remarquable
  • de colliers de serrage, parfaitement adaptés.

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Les produits à mettre en oeuvre

Le matériel

Mise en oeuvre

Confection d’une pseudo varangue

  • On trouve, sur toute la hauteur au dos du réservoir Promens, une mortaise verticale permettant de caler la cuve sur une varangue.
  • Là, sans varangue, il a fallu concevoir une pièce s’appuyant, en l’encadrant, sur la lisse et restructurée sur le bordé par une stratification à l’époxy
  • Pour faciliter le passage de la pseudo varangue dans la mortaise, sans la blesser, deux joues de protection en téflon ont été ajoutées

Collage et stratification de la semi varangue

  • La pseudo-varangue est posées et collée. La stratification est accélérées par le chauffage d’un spot de chantier de 500 w
  • toutes la stratifications se fera dans ces conditions
  • On aperçoit de part et d’autre, les cadènes posées sur les lisses. Elles serviront à la fixation des sangles de maintien

Confection d’un support pour le fond

  • Deux barres en « U » en inox de 2 mm s’encastrant sur 4 équerres inox de 4 mm d’épaisseur maintiendront le fond de la cuve
  • Seules les équerres sont boulonnées avec de solides contre pièces. les barres en « U » sont posées et tiennent par la pesanteur de la cuve. Ce qui les rend aisément démontables.
  • Les équerres sont boulonnées en inox de 6

Réalisation des structure d’accueil de la cuve

  • Tout est en place avant de positionner la cuve, et de la raccorder
    • Au niveau inférieur, les deux barres inox en « U », qui soutiendront la cuve. Elles sont démontables, facilement
    • Au fond, verticalement, la fausse varangue, stratifiée au bordé et incrustée dans la lisse, qui accueillera la mortaise verticale au dos de la cuve
    • Sur les côtés les attaches et les sangles à cliquet, qui fixeront fermement la cuve
    • Il ne restera avant les branchements, qu’à percer le pont pour poser le nable, et la coque, pour l’évent. Le passage du tuyau d’évacuation sous la cuve nécessitera de percer la face de l’armoire, en son bas.
  • Il est largement recommandé de rendre le système facilement démontable, la suite nous le démontrera
  • Tout ce qui est fixe, a été boulonné en inox de 6, sur des contre pièces largement sur dimensionnées

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L’état des lieux

On montre le haut

    • Si même la cuve démontée, on manque de débattement
      • On repère de l’intérieur l’emplacement approximatif du centre à percer. Là j’ai pu prendre des repères grâce au hublot donnant sur les passavants
      • On perce avec une mèche de petit diamètre (du 4 va très bien), depuis l’extérieur
      • On vérifie de l’intérieur l’adéquation du perçage estimatif
    • Puis on corrige de l’extérieur avec une mèche du même calibre que celle de la scie cloche
  • Protéger au sika, puis poser le nable

On montre le bas

  • Sur la photo de gauche, on voit le détail du système de calage, posé boulonné sur les barres en « U », et épaulé par les parois du placard
    • Juste en dessous, on devine la nouvelle pompe de vidange des douches, pompe électrique à membrane, ne nécessitant pas de filtre.
  • Sur la photo de droite les WC branchés et installés. On se rend compte des difficultés d’installation.... une fois terminé !!!
  • Absent sur la photo la vanne anti-retour. Je n’ai pas pu installer une vanne deux voie classique, par manque de place (ouverture de la porte du placard). C’est un point de faiblesse.

Pourquoi vaut mieux-t-il que ce soit démontable (facilement)

D’emblée ce genre de montage m’ a semblé fragile. Trop de liaisons, trop de colliers de serrage, trop de matériaux disparates, trop peu de place pour travailler à l’aise. On multiplie les risques et ... ça n’a pas manqué d’arriver
Nous étions dans un mouillage idyllique, en Turquie, pas trop loin de Marmaris par la route, quand soudain une odeur insidieuse mais bien significative a attiré notre attention... Le premier suspect était le bon, nous avions une fuite sous la cuve, à la hauteur du réducteur 50/38.
Il a fallu vider la cuve, la démonter, et là vraiment, mieux vaut que ce soit facile !!!, puis la rincer. En démontant le réducteur, on rapidement vu une fêlure au niveau du cône de serrage entre le réducteur et l’embout 38... C’était la fuite. Irréparable dans ce type de matériaux, il fallait changer, heureusement Marmaris était proche.

Une histoire de cône...

  • Sur le coup on ne l’a pas vue, la fêlure était à peine apparente, une fois le réducteur démonté
  • C’est me semble t il un incroyable défaut de conception. L’embout s’appuie par une section plane sur un cône dans le réducteur
  • Au serrage le joint torique s’écrase et appuie sur la partie mince du cône, déclenchant un cisaillement. Si on serre de trop le cisaillement s’aggrave et la pièce casse. C’est ce qui nous est arrivé. Et c’est ce qui était arrivé à la navette Challenger quand elle a explosée à cause d’un joint défectueux... j’en frémi encore... Voir ce lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Joint_...
  • Il aurait fallu un joint mono-cône, ou concevoir différemment la forme du réducteur. Voir ce lien : http://www.elastotechgaskets.com/fr...

Sauvé par la filasse et le savon de Marseille

Étanchéifier un joint à l’ancienne.

J’avais oublié et de toute façon je n’avais pas le bon process. l’ingénieur m’a montré

  • Procédure
    • Griffer, dans le sens de la longueur, les filets mâles de la vis (non, ce ne sont pas des parties génitales), à l’aide d’une lame de scie à métaux. Le but de la manœuvre est de provoquer une abrasion limitant le glissement de la filasse savonnée au serrage. C’est ça l’astuce
    • Enduire abondamment la filasse de savon de Marseille, en la tortillant en fils minces
    • Garnir les filets de vis avec les fils de filasse savonnée
    • Serrer, mais pas de trop, c’est la filasse qui en gonflant assurera l’étanchéité...

Michel à Skala Loutra

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