Le routage météo
- Algorithme de routage météo
Le principe général des logiciels de routage est assez simple :- On connait la vitesse du bateau en fonction de la force et de la direction du vent. On dispose de prévisions météo le long du parcours.
- On part d’un point donné à une certaine heure et on calcule les points que le bateau peut rejoindre en un temps donné. Ceci nous donne le premier isochrone.
- En partant de chacun des points du premier isochrone, on calcule les points que l’on peut atteindre en un nouveau pas de temps. Parmi tous les points calculés, on choisit les « meilleurs » pour définir le nouvel isochrone.
- Tant qu’on n’a pas atteint la destination, on réitère le calcul à partir des points
définissant le dernier isochrone calculé.
A partir de cet algorithme simple, on peut ajouter des tests pour ne garder que les points qui satisfont certaines conditions : ne conserver que les points en mer, limiter la vitesse et l’angle du vent, limiter la hauteur des vagues, limiter la zone de navigation. On peut aussi modifier à la volée les polaires du bateau pour introduire une notion de routage mixte à la voile et au moteur.
- Fichiers Grib
Je ne décrirai pas ici en détail ce que sont les fichiers grib et comment les obtenir . Sachez que les fichiers les plus couramment utilisés sont issus du modèle GFS calculé par la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) américaine.
Il s’agit d’un modèle global qui couvre l’ensemble du globe. Les données sont disponibles sur une grille de 0,5 ° x 0,5 ° toutes les 3 heures, de 0 à 192 heures, puis sur une grille de 2,5° au-delà jusqu’à 384 heures (16 jours). Les données sont calculées pour 00h00, 06h00, 12h00 et 18h00 GMT. Elles sont disponibles en HH +05h00. Les paramètres disponibles sont entre autres : le vent, la pression, les précipitations, la couverture nuageuse, la température de l’air, la hauteur significative des vagues.
Attention, les fichiers Grib sont des fichiers de prévisions générées par ordinateur qui sont envoyés sans contrôle humain. Rien ne garantit que les données soient exactes ou inexactes !
- Polaires de vitesse
Les courbes polaires représentent la vitesse fond du bateau en fonction d’une vitesse de vent réel (TWS) et de son angle d’incidence (TWA) sans présence de courant ou de dérive. Les logiciels Maxsea, Adrena et SailGrib WR utilisent le même format de fichier avec une extension en « .pol ». Un fichier polaire est un fichier texte dont les données sont séparées par un blanc (ou une tabulation) et où chaque ligne représente les vitesses du bateau pour un angle de vent réel et chaque colonne représente une vitesse de vent.
On définit souvent 2 types de polaires pour chaque bateau. Des polaires dites de performance et des polaires de routage. Les polaires de performance représentent les vitesses cibles à atteindre en fonction de la force et de l’angle du vent. Si vous enregistrez vos données de navigation, les vitesses cibles sont définies par l’enveloppe des enregistrements après filtrage. Les polaires de routage sont en général définies par la moyenne des enregistrements après filtrage.
Cas pratique avec le logiciel SailGrib WR [1]
- Reprenons notre traversée en croisière entre Toulon et la Corse à bord d’un Oceanis 37. Le départ est prévu pour le Vendredi 31 mai 2013 vers 20h00. Dans un premier temps, il nous faut récupérer un fichier Grib pour la zone concernée et le charger. Je ne reviendrai pas en détail sur cette étape. Le logiciel vous permet d’ajuster les paramètres de la requête Grib et de récupérer un fichier. Faites la requête et ouvrir le grib. Dans notre exemple, j’ai chargé un fichier issu du modèle GFS avec une maille de 0.5° et un pas de temps de 3 heures.
Une fois le grib ouvert, on peut regarder les cartes de prévision.
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Vendredi 31 mai - 18H00 TU | Samedi 1er Juin – 06H00 TU |
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- On choisit donc la polaire de l’Oceanis 37 que l’on ajuste avec les 2 coefficients d’efficacité, 70% pour les vents inférieurs 20 noeuds et 80% pour les vents supérieurs à 20 nœuds.
- Faisons maintenant tourner le routage. Lancez le calcul avec le menu [Lancer le routage]. Après chaque calcul d’un isochrone, le logiciel affichera les résultats intermédiaires sur la carte avec le les données suivantes :
- Heure de l’isochrone,
- distance restante vers la destination,
- meilleure route intermédiaire ; c’est la route la plus proche de la destination à la fin ce cet isochrone. Cette route peut varier du tout au tout d’un isochrone à l’autre. Elle est dessinée pour donner une idée de la stabilité de la route au cours du temps.
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La route proposée parait satisfaisante ! Le temps de traversée est de 25 heures, on fait une heure de moteur sur la fin pour arriver à Ajaccio largement avant la nuit. La stratégie semble donc se dessiner ainsi : partir de Toulon au cap 140, si le vent monte à plus de 25 nœuds mettre de l’est dans le cap puis repartir au cap proposé par le routage dès que le vent passe sous 25 nœuds. Quand on arrive vers la latitude d’Ajaccio faire une route directe. On mettra le moteur si la vitesse du bateau tombe sous 3 nœuds.
- Si l’équipage rechigne à partir le vendredi soir, on peut regarder ce que donnerait un routage avec un départ le samedi matin à 08h00 (06h00 TU). Avec les mêmes conditions, nous faisons 17 heures de moteur…Si nous faisons tout à la voile, la traversée prend 36 heures.
C’est maintenant clair, nous partons le vendredi soir et restons vigilant !
Si vous voulez en savoir plus sur SailGrib WR, rendez-vous :
- sur le site de l’application :sailgrib.fr
- sur la chaine YouTube : youtube.com/c/SailGribApp
En conclusion
On a vu que les logiciels de routage météo se sont largement démocratisés au cours des dernières années. L’essor des smartphones et tablettes devrait accentuer ce phénomène dans les prochaines années. Il serait dommage de ne pas se servir de ces outils bien évidemment en course mais aussi en croisière pour essayer de mieux anticiper et d’améliorer la route à suivre lors de nos traversées.