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Publié Janvier 2017, (màj Janvier 2017) par : Collectif Salacia |
NDLR merci à “Kerdubon” capitaine, marin, conteur et explorateur de Grèce et de Turquie, d’il y a 50 ans
J’avais constaté à Corfou, y a deux ans, que plus grand chose n’avait à voir avec ce que nous avions connu trente années avant. Le changement n’est peut-être pas ce qu’on imagine de mieux, mais il est dans l’ordre de l’évolution inéluctable. L’andouille qui fait des pèlerinages sur son passé sera toujours déçu, on le sait bien.... cependant il faut garder bien au chaud ses souvenirs, éventuellement les faire partager, car nos artères n’ont plus l’âge d’aller de l’avant et d’œuvrer pour l’avenir. Place aux jeunes, pour moi l’avenir mène à la porte du crématoire !
Cette fois je reviens de Rhodes. Je suis allé profiter du repos offert par le « tout compris » d’un complexe ressemblant à tant d’autres formant une nouvelle muraille de chine le long de la Méditerranée sur la côte est, et le long de la mer Egée sur celle de l’ouest.
Évidemment j’exagère, c’est le rôle qu’on doit tenir sur le banc des menteux pour amuser la galerie des amis mathurins plus ou moins séniles et surtout pour embellir les aléas pas toujours beaux ni gais du quotidien.
Je fus surpris, étonné et ravi de voir... de visu... gast donc !... que la vieille ville ceinte de ses murailles, dominée par le château ou plus précisément le palais du grand Maître des chevaliers de Saint Jean de Jérusalem restauré par Mussolini, avait.... meilleure mine qu’il y a trente ans ! Une taverna épargnée distillait de la musique grecque … Ce fut malheureusement la seule fois que j’en entendis ! Oubliés les Théodorakis et autres qui nous enchantèrent !… Certes deux ou trois paquebots avaient craché pas loin de cinq mille touristes dans les rues, mais ce petit monde devait rallier les navires qui appareillent entre 16 et 17 heures pour se rendre à l’étape suivante dès l’aube du lendemain. La vieille ville est alors désertée et les commençants ferment leurs boutiques à souvenirs, elle vous appartient !
J ’ai noté que les autorités avaient dégagé la foultitude des marchands du temple de jadis et les avaient refoulés hors des murs ! Évidemment les bâtiments historiques se trouvent donc mis en valeur par cette vidange et la ville retrouve sa beauté même si l’Etat depuis... les fascistes du Duce, n’a plus de tunes pour les entretenir un peu mieux. Quoique des efforts dans ce sens soient évidents... pour rester « patrimoine mondial ».
Cette fois-là, j’avais à bord de mon voilier deux couples de cousins profs d’histoire qui avaient particulièrement apprécié les ruines de la côte Lycienne et venaient de découvrir Rhodes avec le ravissement qu’on imagine.
Bien décrassés, fleurant l’eau de senteur, nous nous sommes mis les pieds sous la table. Contrairement à nos habitudes qui voulaient qu’on attende l’heure des Grecs vers 22 heures, nous étions à l’heure du Berger, celle des touristass c’est à dire 19 heures. Il fallait se coucher tôt pour cause d’avion matinal qui n’attend pas ses clients.
Notre copain, conteur du Colosse aux pieds plats, était photographe. Il avait une boutique ou plutôt une cabane à l’entrée de la rue principale de la ville antique, non loin de la magnifique « ippoton » rue des chevaliers, en face de l’ « auberge d’Auvergne » menant au Palais. (Ce jour, la baraque n’existe plus comme toutes celles qui cachaient les bâtiments magnifiques). Il exerçait le métier de photographe... d’art ! En fait, il vendait surtout des pellicules et développait celles en noir et blanc, les appareils numériques n’étant pas encore inventés. Entre deux clients, il saisissait ses haltères et son matériel de culturisme... corporel. Le Colosse l’inspirait, il aurait voulu être aussi musclé et il faut dire que malgré ses soixante dix balais, il pétait la bonne santé et la pleine forme. Il n’avait pas que la langue de bien développée, mais des pectoraux et biceps à faire rêver un gringalet, il nous affirmait que certaines gretchen se laissaient séduire par sa prestance et appréciaient ses prestations. Je crois toutefois qu’il aurait pu s’asseoir parmi les pêcheurs au bout du quai... sur le banc des menteux !
On a retrouvé les vestiges du phare d’Alexandrie, on ne trouva point ceux du Colosse. Avait-il réellement les pieds plats et non pas d’argile ?... Il nous est arrivé de trouver des épluchures d’orange... alors qui croire ? Une de nos cousines prof d’histoire affirma en parlant du château : « L’appareil est bien conservé »... Mussolini en rit encore !
Kerdubon