Pratiques et Techniques en Plaisance | Imprimer | Fermer la fenêtre
Publié Août 2016, (màj Août 2016) par : yoruk |
Selon Joachim Kerdubon, ceux qui ne croient pas un “menteux” qui n’est jamais un menteur, mais un “embellisseur” des choses, n’ont qu’à faire un petit tour au pays des dieux : la Grèce.
Kastellorizo pour les anciens envahisseurs italiens, ou Megisiti pour les grecs modernes, ou Meis pour les anatoliens tout proches est chérie des dieux, et la danse est une valse lente, les maîtres de ballet ont toujours été les envahisseurs. Les derniers, sont les touristes
Déshéritée, quasiment sans ressource, elle a toujours dépendu de l’étranger : mycéniens, athéniens puis rhodaniens, romains, byzantins, catalans, napolitains puis vénitiens. Venise qui lui donnera pour nom Castellorosso, d’ou son nom : catellorosso, la château rouge.
Trop éloignée de Rhodes, trop proche du plateau anatolien, elle trouvera son équilibre sous le joug ottoman qui ne lui imposera que l’impôt et la conscription, la laissant libre d’administrer sa justice, son enseignement, sa religion...
Puis viendront les troubles romantico-religieux de 1821, pendant la guerre d’indépendance grecque qu’elle soutient, mais les autorités turques la reprennent en main en 1833.
Ballottée au gré des intérêts stratégiques (bien vu Kerdubon, l’île était une escale technique importante sur la route du Moyen-Orient, y compris pour les hydravions) elle sera détruite par les anglais visant l’occupant italien et allemand pendant la deuxième guerre mondiale.
La population permanente de l’île, estimée à 15 000 personnes vers 1900, est alors tombée à environ 250 individus. En effet, la plupart des habitants, fuyant les violences de la guerre, la pauvreté ou le risque de cession à la Turquie (les accords internationaux prévoyaient qu’en cas de baisse de la population locale, à moins de 200 habitants,l’île serait cédée à la Turquie), ont émigré vers l’Australie.
Voilà la situation qu’a trouvé “l’embellisseur” de choses Kerdubon dans les années 1990, et ce que nous avons constaté, quelques années plus tard.
Et nous verrons que depuis le banc des menteux, Joachim Kerdubon avait bien subodoré l’arrivée des prochains envahisseurs : les touristes.
Le premier contact fut saignant. Nous arrivions de Kalkan, avec un petit bateau de 27 pieds. Depuis toujours nous rêvions de Kastellorizo. Une carte marine étaient punaisée dans ma cuisine en Bretagne, et chaque matin en prenant mon café, je rêvais de cette île.
Ce n’est que l’hiver suivant que j’ai compris .
C’était çà la vie ordinaire entre la trépidante et très opulente Kas et Kastellorizo ruinée, déshéritée et abandonnée des politiciens athéniens. Il ne venait qu’un ferry par semaine, depuis Rhodes. Pour ne pas descendre au dessous du seuil fatidique de 200 habitants, ce qui aurait signifié un rattachement à la Turquie, les Grecs on fait venir des militaires, mais, sans les montrer. Ça faisait quand même un peu rafistolage...
Seule activité économique, un petit hôtel, en bord du port, accolé à une batterie de canon camouflée, et tournée vers la Turquie, ce qui faisait sourire tout le monde, mais surement pas les filles. Et c’était un problème : pas de pope, comme le dit Kerdubon, même un pope armé d’une Sten, on peut s’en passer. Pas de boulanger, on peut en former un, mais sans femme... Pas d’enfant (aussi bons les grecs soient-ils). Problème que nos ingénieux restaurateurs ont entrepris de résoudre.
Ne disposant pas du môle, Vangelis, son propriétaire, installait ses tables sous une forêt de bougainvilliers, assurant une bonne fraîcheur dans la journée.
Enclavés, loin de tout, c’était l’époque ou pour faire une salade grecque officielle, il fallait faire venir des tomates de la communauté européenne, qui avait passé des accords commerciaux avec le Maroc, après des transits par Athènes et Rhodes. On marchait sur la tête.
C’était l’époque ou la Turquie cherchait à obtenir une intégration européenne plus poussée.
Le bon voisinage
De tout temps, les habitants de l’île et ceux de Kas ont eu des rapports économiques de bon voisinage. Pour peu qu’on laisse les dieux à leur place, ça se passait bien. Ce qui changera des années plus tard, avec l’arrivée des fonctionnaires athéniens, qui eux resteront sourd aux arrangements de bon sens
Sans commentaire
Mais le pire m’attendait
Mai 2015, on fait un arrêt comme d’habitude à Kastellorizo. Comme d’habitude, on respecte scrupuleusement les règles douanières quand on passe de Turquie en Grèce : à mi route on échange les pavillons de courtoisie. Fi d’emmerdement administratif, ça a toujours fonctionné comme ça...
Ca s’agite quand même sérieusement, et j’aperçois une créature de rêve qui fait des aller et retour entre mon voisin russe et l’agence en douane nouvellement créée.
Et je suis allé manger mon chapeau à l’agence de douane, où la créature de rêve m’en a planté pour 60 euros d’un document qui ne me concernait pas... Mais bon c’était pour le bonheur de mon pote Vassili. En la quittant, je l’ai prié de saluer Zeus, mais ce devait être une gourde, elle n’a rien compris.
Michel, depuis le banc des menteux