Une alarme « MOB »
En navigation familiale, même si la famille est nombreuse, les navigants sont rarement plus de deux ou trois. Dans ce cas, même pour des navigations d’un ou deux jours, les quarts se font en solitaire. La nuit on est proche des problèmes des « solitaires vrais » pour ce qui concerne la chute à la mer.
Il y a cependant une différence importante, favorable au cas familial : si le marin de quart tombe à l’ eau, au lieu de déclencher une balise Argos et un pilote automatique pour un retour aléatoire du bateau, il suffit de réveiller fissa le reste de l’ équipage. On espère qu’ une personne au moins saura quoi faire dans ce cas d’ urgence !
Une solution simple et peu coûteuse :
Bien des solutions ont été imaginées par les couples pour remédier à ce risque, y compris le coup de la ficelle : le barreur met au poignet une petite cordelette, qui rentre dans le carré et est enroulé sans noeud autour de la main du dormeur ! Ainsi il sera prévenu en cas de traction intempestive sur la cordelette. Un couple navigant de 80 ans m’ a récemment confié utiliser ce « truc ».
Une solution plus moderne consiste donc à avoir en poche, pendant le quart, une petite boite émettrice dont l’ éloignement du récepteur situé dans le bateau déclenchera une sirène propre à réveiller le meilleur dormeur au cas où le marin tombe à la mer (ou s’ éloigne en douce la nuit pour aller au bar quand on est au port…).
Bien sûr, rien ne sert de se protéger à postériori (après être à l’eau) si on n’a pas pris toutes les précautions avant : port du gilet et du harnais, et prudence générale !
- Les exigences du gadget :
- être fiable
- Surtout ne pas coûter très cher. Des systèmes coûteux il y en a dans les catalogues. http://www.nasamarine.com/proddetai... , http://www.nauticexpo.fr/fabricant-...
- Rester très simple. Des systèmes compliqués il y en a aussi dans les catalogues.
- Avoir une longue durée de fonctionnement sans changer les piles
- Utiliser une base de fabrication industrielle , destinée à l’ origine à une autre fonction de grande diffusion, qui aura besoin d’ être très peu modifiée pour s’ adapter à notre besoin.
- Comme tout système de sécurité sérieux, il doit déclencher par défaut , c’ est à dire qu’ une panne du système doit déclencher l’ alarme au même titre qu’ une chute à la mer.
- La réalisation pratique : Les systèmes télécommande d’ ouverture de porte de garage sont adaptés à notre objectif. Le système devra être en transmission haute fréquence classique, la bande allouée à cela est celle des 432 MHz.
- L’ émetteur consomme très peu de courant car ils fonctionnent normalement avec une pile bouton.
- La distance d’ émission de 20 ou 30 mètres est juste celle adaptée à la protection d’ un voilier
- Donc si l’ équipier porteur de l’émetteur tombe à l’ eau, dès qu’il est à 20 ou 30 mètres la sirène se déclenche, et même plus tôt que cela si l’émetteur est détruit par la chute.
- Modifications à faire :
- Il faut simplement faire en sorte que l’émetteur émette en permanence en court-circuitant le bouton pression habituel et l’alimenter avec des piles classiques AAA.
- Le récepteur recevra une sirène puissante sur le contact « repos » son relais de sortie, et la sirène sonnera si l’émetteur est hors de portée ou si ses piles sont vides.
- Mise en boite sécurisée : La mise en boite est simplement l’opération consistant à protéger dans un emballage adéquat un module acheté en général nu (ou sorti de sa boite d’origine trop petite) . C’est sûrement là que se trouve la principale difficulté pratique. Savoir mettre en boite étanche de manière fiable de l’électronique nécessite un certain savoir faire, de soudure, de câblage et de soin général.
- L’alimentation du récepteur est en général en 5V ou 12V sur les modules industriels, pas de problème, il sera alimenté par les batteries de servitude.
- Pour l’émetteur il faudra faire une mise en boite avec le nombre adéquat de piles de format AAA qui permettront une autonomie d’une centaine d’heure au moins. Rappelons que si les piles de l’émetteur sont vides, l’alarme sonne ! Donc pas de crainte.
- Quelques adresses de fournitures de modules télécommande domotiques en 12V utilisables : il existe un grand nombre de modules émission et réception de ce genre sur le marché des sous ensembles industriels en 12 volts à des prix de moins de 100€ émetteur + récepteur. Les électroniciens amateurs éclairés sauront choisir le meilleur à leur analyse ! En 2012 :
- http://www.avidsenstore.com/produit...
- http://www.avidsenstore.com/pdf/not...
- http://www.automakits.com/
- http://www.selectronic.fr/c/lab/kit...
- Et surtout les modules « Aurel », un must bon marché :
Essais :
Les essais se réduisent à peu de chose : régler l’émetteur et le récepteur comme indiqué par le constructeur, et chercher dans le bateau le meilleur emplacement du récepteur.
A noter que le grand risque est d’oublier de mettre en marche le récepteur. Il est donc recommandable de ne pas mettre d’arrêt-marche sur le récepteur qui sera en marche permanente et branché sur le coupe circuit des instruments de bord. En général on ne navigue pas sans eux, et on les éteint au mouillage ou au port. Il n’est pas nécessaire de se jeter à l’eau avec l’émetteur pour voir si l’alarme se déclenche…On peut faire l’essai au port en s’éloignant sur le quai !
Illustrations :
Voici si dessous 2 clichés montrant la réalisation pratique que j’ai faite et dont les détails sont donnés ci-dessous. Les deux boites sont petites, et sont de simples boîtiers achetés chez le bricoleur électronique du coin de la rue. Pour l’émetteur, l’étanchéité finale est obtenu avec un sachet zip pour congélateur…
- émetteur : de la taille d’un gros paquet de cigarette, il contient le kit émission que j’ai utilisé, un interrupteur arrêt marche à fleur du boîtier pour éviter les arrêts intempestifs, un voyant LED ne consommant que 2 mA et 8 piles AAA donnant une autonomie d’au moins 100 heures.
- Récepteur : à peine plus gros que l’émetteur, il contient le kit réception, une sirène piezo très puissante, un interrupteur arrêt marche, un voyant LED et le câble d’arrivée du 12V.
Cas du kit Velleman (obsolète) :
J’ai utilisé les kit Velleman numéro K6706A pour l’émetteur et le numéro K6727 pour le récepteur. Ces kits se trouvait chez tous les vendeurs de bricolage électronique mais n’est plus commercialisé actuellement. L’ émetteur consomme 3 mA, et la durée de vie des 8 piles AAA (12V) sera de plusieurs centaines d’ heures. Le récepteur est également en 12 V, et fonctionne donc directement sur la batterie du bord. Pour les spécialistes j’ai reproduit ci-dessous les schémas des deux kits avec les modifications réalisées. Une petite temporisation 5 seconde a été ajoutée afin que le sirène ne se déclenche pas intempestivement en cas de perte de réception de très courte durée lors d’ un mouvement ou d’ un déplacement volontaire sur le bateau. Le fonctionnement est très satisfaisant, même sur mon bateau en aluminium, avec le récepteur sur la table à carte dans la descente.
Conclusion :
Bien entendu il faut un peu d’habitude en électronique pour réaliser avec une fiabilité raisonnable ce gadget pour un investissement assez modique de 100 €. Il ne cherche pas à rivaliser avec des matériels spécifique commercialisé, mais comme l’objectif visé est très spécifique à la croisière familiale, la fonction recherchée est parfaitement remplie. Bon courage et succès à ceux qui essaieront. Je serais heureux de recevoir leurs commentaires et améliorations en tout genre.
Bien entendu, portez votre gilet, votre harnais, une main pour vous et une pour le bateau, et soyez prudent !